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f La tradition du texte de « l’édit de Milan »
- Brepols
- Publication: Revue d'Histoire des Textes, Volume 12, Issue 1, Jan 2017, p. 197 - 214
Abstract
C’est à Étienne Baluze qu’échut la découverte en mai 1678 du De mortibus persecutorum dans un manuscrit du XIe siècle originaire du fonds de Moissac que Colbert, dont il était le bibliothécaire, venait d’acheter en bloc. C’est aujourd’hui le ms. latin 2627 (C) de la BnF. En dépit de la longue polémique sur l’attribution à Lactance de ce terrible pamphlet, une chose est sûre : le texte latin, jusque-là inconnu, qu’il nous transmet de la circulaire que fit afficher l’empereur Licinius à Nicomédie le 13 juin 313, est bien authentique, puisque Eusèbe de Césarée en donne la traduction grecque dans son Histoire ecclésiastique. Baluze le premier le nomma, à tort, « édit de Milan » : il avait ses raisons. La mise côte à côte de cette version de l’original et de sa traduction permet de remédier sans difficulté aux failles (dont deux sont spectaculaires) qui, au cours de la tradition, se sont glissées en C. Et pourtant Baluze, tout en connaissant la version d’Eusèbe (à travers l’édition pourvue d’une rétro-traduction qu’en avait donnée Henri de Valois en 1659), maintient à quelques détails près le latin tel qu’il le lit en C et cela dans l’édition princeps de 1679 comme dans sa seconde édition publiée en 1693 à Utrecht avec le concours de Paul Bauldri. Il se contente d’accueillir en note, dans cette dernière, les propositions des savants qui se sont penchés sur le texte, ce qui en fait une editio Variorum. La traduction d’Eusèbe n’est pourtant pas en tous points littérale ou dénuée d’erreurs et il est vain de chercher à rendre les deux versions strictement identiques.
AbstractIt was Étienne Baluze who, in May 1678, discovered the De mortibus persecutorum in an eleventh-century manuscript in the abbatial collection of Moissac, which had just been purchased en bloc by Colbert, whom Baluze served as librarian. Today it is manuscript Latin 2627 (C) in the BnF. In spite of the long controversy over the attribution of this terrible pamphlet to Lactantius, one thing is sure : unknown until then, the Latin text it transmits of the circular that the emperor Licinius had posted in Nicodmedia on 13 June 313 is authentic, as it corresponds to the Greek translation given by Eusebius of Caesarea in his Ecclesiastical History. Baluze erroneously dubbed it the « edict of Milan » ; he had his reasons. A side by side analysis of this version of the original and its translation easily remedies the faults (two of which are spectacular) that slipped into the tradition of C. Although Baluze knew Eusebius’s version (from Henri de Valois’s 1659 Greek edition which included a new Latin translation), he maintains the Latin as he read it in C, with the exception of a few details, in both the editio princeps of 1679 and the second edition of 1693, published in Utrecht with the help of Paul Bauldri. He merely points out in the notes of the latter the propositions made by other scholars who had studied the text, making it an editio variorum. The translation of Eusebius is not entirely literal nor free of error, and it is thus futile to attempt to render the two versions strictly identical.