Les Lettres Romanes
Volume 72, Issue 3-4, 2018
- Section i. Déployer le sentir
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Fortune et nouveau souffle du « sentiment océanique », de Romain Rolland et Sigmund Freud jusqu'à Jean-Philippe Toussaint
show More to view fulltext, buy and share links for:Fortune et nouveau souffle du « sentiment océanique », de Romain Rolland et Sigmund Freud jusqu'à Jean-Philippe Toussaint show Less to hide fulltext, buy and share links for: Fortune et nouveau souffle du « sentiment océanique », de Romain Rolland et Sigmund Freud jusqu'à Jean-Philippe ToussaintAbstractLe « sentiment océanique », expression forgée par Romain Rolland en 1927 dans une lettre adressée à Freud, a connu une fortune épistémologique très grande, que ce soit dans le domaine de la théologie ou de la psychanalyse. Pourtant, l'expression est avant tout métaphorique, créée par un écrivain et détient une charge littéraire indéniable. C'est dans cette perspective qu'il convient de retracer l'histoire de la notion en tant qu'expression littéraire d'une expérience sensible, depuis Romain Rolland jusqu'à Jean-Philippe Toussaint, en passant par Loránd Gáspár.
AbstractForged in a letter addressed to Freud by the 1915 Nobel Prize for Literature winner Romain Rolland, the "Oceanic Feeling" became quite popular as an epistemological concept in the realms of Theology and Psychoanalysis. Created by a writer, this expression is above all metaphorical and literary. This paper will thus aim to trace the history of the concept considered as the literary expression of a sensitive experience through three prominent figures: Romain Rolland, Loránd Gáspár and Jean-Philippe Toussaint.
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L'herbier imaginaire de Samuel Beckett
show More to view fulltext, buy and share links for:L'herbier imaginaire de Samuel Beckett show Less to hide fulltext, buy and share links for: L'herbier imaginaire de Samuel BeckettBy: Clément WillerAbstractMolloy, Malone meurt et L'innommable, les trois grands « romans » de Samuel Beckett parus en français entre 1951 et 1953, sont d'abord des récits du doute lancinant, où le monde semble se dérober sous nos pieds tandis que la fonction abstraite du langage s'affole. Mais la sensibilité qui nous relie aux êtres et aux choses est-elle tout à fait endormie ? Cela n'est pas sûr. Notre souhait est de montrer que de brèves apparitions végétales, un mélèze que Molloy parvient à nommer ou « les faibles feux du genêt » dans la nuit qui tombe sur Malone meurt, sont les signes d'un amour clandestin du monde, des êtres et des choses qui le peuplent. Ainsi, du négatif où la parole trempe émergent parfois, comme des lueurs, des noms qui renouent avec une forme de « langage adamique » au sens de Walter Benjamin : non pas une exaltation lyrique, dont Samuel Beckett est bien loin, mais l'éveil d'un sentiment secret de solidarité avec le monde.
AbstractMolloy, Malone Dies and The Unnamable, Samuel Beckett's three most important "novels" published in French between 1951 and 1953, are tales of haunting doubt, where the world seems to evade as language's abstract function bristles. But is the sensibility connecting us to beings and things totally dormant? That is not so sure. Our wish is to show that brief vegetal apparitions, such as a larch Molloy manages to name or "les faibles feux du genêt" at dusk as Malone dies, are signs of a clandestine love of the world, of the beings and things which inhabit it. Thus, from the negative in which speech lies sometimes emerge, as wavering lights, nouns reconnecting with a form of "Adamic language", in Walter's Benjamin's terms: rather than a lyrical exaltation, from which Samuel Beckett is very far, is awoken a secret feeling of solidarity with the world.
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Le sentir au-delà de l'homme. L'unité du sentant et du senti dans l'expérience de l'art
show More to view fulltext, buy and share links for:Le sentir au-delà de l'homme. L'unité du sentant et du senti dans l'expérience de l'art show Less to hide fulltext, buy and share links for: Le sentir au-delà de l'homme. L'unité du sentant et du senti dans l'expérience de l'artBy: Oleg LebedevAbstractL'article étudie la proposition d'après laquelle sentir, c'est s'inquiéter comme sujet. D'origine phénoménologique, cette thèse, qu'on trouve chez Maldiney et chez Merleau-Ponty, prend son essor dans l'esthétique deleuzienne. À travers l'art, dont le rôle pour Deleuze est de matérialiser la sensation, l'homme fait une expérience qui est irréductible au schéma représentatif traditionnel, c'est-à-dire un schéma où le sujet et le monde sont dans un face-à-face. Ce moment pathique de l'art consiste alors en un désapprentissage de nos perceptions naturelles et humaines.
AbstractThe article studies the proposal according to which to feel, is to be bothered as subject. Of phenomenological origin, this thesis, which one finds in Maldiney and Merleau-Ponty, takes its rise in deleuzean aesthetics. Through art, whose role according to Deleuze is to materialize sensation, one makes an experience which is irreducible to the traditional representative scheme, i.e. the scheme where the subject and the world come face to face. Therefore, this "pathic" moment of art consists in an unlearning of our natural and human perceptions.
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Pensée sensible, logique traversière, critique vulnérable
show More to view fulltext, buy and share links for:Pensée sensible, logique traversière, critique vulnérable show Less to hide fulltext, buy and share links for: Pensée sensible, logique traversière, critique vulnérableBy: Marion SénatAbstractCet article s'intéresse à la réflexivité de l'essai littéraire entendu comme pensée qui ne se dissocie pas du sensible. Je porterai attention à la fonction des gestes dans la réflexion de La Bulle d'encre de Suzanne Jacob. Je montrerai comment la gestualité est investie par le texte pour sa médialité et sa conduction. La réflexivité de l'essai se situe alors dans sa capacité à faire des liens entre des pratiques, des situations et des images apparemment étrangères les unes aux autres. Cette médialité bouleverse le rapport au sens du texte, que je propose de penser dans les termes d'une écologie : où le sens ne s'entend pas comme un contenu sur lequel on peut fermer la main mais bien comme un ensemble de liens que la réflexion vise à rendre visible et à parcourir. Cette réflexivité écologique se condense dans une attitude critique marquée par la vulnérabilité : notamment dans sa capacité à penser avec ce qui est absent. Attitude qui se fait politique lorsqu'on la replace en contexte néolibéral.
AbstractThis article questions the notion of reflexivity in the literary essay - understood as a way of thinking that doesn't distinguish itself from the sensitive world. I will focus on the function of the gesture in the thinking of La Bulle d'encre by Suzanne Jacob. I will show how gesture is invested by the text for its mediality and conduction. The essayistic reflexivity leans on the capacity to link practices, situations and images that look extraneous to each other at first sake. This mediality disrupts the relation of the text to meaning and I propose here to understand the latter as an ecology. Then, meaning is not considered as a content that you can possess, but as a net of links which reflection wanders and makes visible. This ecologic reflexivity summarizes in a critical attitude marked by vulnerability: especially in its capacity to think what is absent. It is an attitude that becomes political when it is replaced in the neo-liberal culture.
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Le monde par ses éclats. Hypersensibilité romanesque et devenirs de l'ambition réaliste contemporaine
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AbstractThis article defines the ways in which the French contemporary novel seeks to renew realist aesthetics by turning its focus to details and everyday life, along the lines of what Georges Perec called the "infra-ordinary". From this perspective, these novels depict the world by juxtaposing its most subjective and smallest elements (a place, an object, a memory, a feeling, a sensation) to display an image of the fictional character's singular experience. In doing so, the novel emphasizes the little things rather than the magnificent ones, the everyday life rather than a more spectacular plot. It searches for an immediate relation to the world on both a poetic level, through the representation of details, and an ethical or political level. Through the depiction of everyday life, these novels aim to re-establish a space in which to build an interpersonal community within fiction
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- Section ii. Corporéités littéraires
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Le sensible à l'état naissant : Patmos et autres poèmes de Lorand Gaspar
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AbstractTo apprehend aesthesiology as the actualization of sensations via the discourse certainly means appraising the sensed as a fabric. In this perspective, the collection Patmos et autres poèmes by Lorand Gaspar is particularly enlightening. By means of an analysis of several of its poems, and more particularly of the way they tend to "extract the sensible", this paper seeks to suggest "archilecture" (Derrida, Lisse) as a productive way of apprehending the sensorial aspects of Gaspar's texts. The aim, ultimately, is to show how Gaspar inhabits the "aîtres de la langue" (Maldiney, Didi-Huberman) where the sensed before taking its definite shape, can be found in its nascent state.
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Réenchanter le monde par les sens. Pour une poétique de la sensualité par Jean Giono
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AbstractThe concept of sensuality as Giono postulated it has been a leitmotiv right from the start of this writer's creative activity; he employs it throughout his written works to suggest a new vision of man in his interconnectedness with the world. On top of its erotic connotation, this term of sensuality also seeks to denominate the intimate connection of the individual and his or her surrounding environment, the latter being enabled and facilitated by sensual perceptions. This perception is questioned and explored by Giono. In contrast to a general numbness and inertia of his contemporaries, Giono presents us with a subject that is permeable for and interconnected with the universe.
This notion of sensuality forms an integral part of a complex of problems that could be qualified as "ecopoétique" avant l'heure; even more so as the author seeks to underline his reasoning about man's place in the world by his enormous aesthetic endeavours. By using different stylistic procedures and devices, Giono creates a pluri-sensory universe in order to restore some sense in a disenchanted world.
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Entre images au corps et images des corps : l'écriture sensible de Marie Darrieussecq
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AbstractMarie Darrieussecq writes about the body - especially from the female body - whose carnal sensations she details. In particular because they convey a self-image in constant metamorphosis, where is reflected a pictured and imaginative world that never ceases to influence the singularization of the subject. From this report, Marie Darrieussecq retains the way in which beings and things appear to her eyes, but she also attaches a grat importance to the pictures of the art or to thoose of everyday life. Her writings thus question the sensitive life, in that it dépends on actions and reactions to the crossing of the tangible, but also on a realty that creates a dialogue with all sort of images in which sometimes we project ourselves, which often desorient us by their evanescent imateriality, and which nevertheless constitute us.
Thus, if between sensations and feelings, images percieved by the body or pictures of the bodies, the writer dissects affects and their effects, she also testifies the way in which images support the act of writing as an experience of human being to feel exist. So we propose here to invest her gesture of creation and address, precisely in the sens that it induces, between texts and images, an expression that commits the being to the world and the reflection of a contemporary author, but also a reflexive range that everyone can continue.
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Déluge d'Henry Bauchau : l'image au service d'une corporalité aux multiples facettes
show More to view fulltext, buy and share links for:Déluge d'Henry Bauchau : l'image au service d'une corporalité aux multiples facettes show Less to hide fulltext, buy and share links for: Déluge d'Henry Bauchau : l'image au service d'une corporalité aux multiples facettesBy: Maude DéryAbstract« La parole est un geste et sa signification un monde », allègue Maurice Merleau-Ponty dans Phénoménologie de la perception, et le corps, dans cette perspective, devient un « objet sensible à tous les autres, qui résonne pour tous les sons, vibre pour toutes les couleurs, et qui fournit aux mots leur signification primordiale par la manière dont il les accueille. » La réflexion du chercheur trouve un écho particulier dans un roman comme Déluge (2010) de l'écrivain belge Henry Bauchau, un récit qui montre que le corps est une courroie de transmission pour l'émotion, et un vecteur de transformation pour l'art, dans ce cas-ci pictural. L'originalité de cet ouvrage empruntant aux grands mythes fondateurs et bibliques réside dans sa vision métaphorique de la peinture, qui a besoin de la sensorialité pour se manifester. Dans cette perspective, l'image littéraire peut ainsi être envisagée comme une nouvelle manière d'appréhender le monde.
Abstract"La parole est un geste et sa signification un monde", says Maurice Merleau- Ponty in Phénomélogie de la perception. From that point of view, the body becomes a "objet sensible à tous les autres, qui résonne pour tous les sons, vibre pour toutes les couleurs, et qui fournit aux mots leur signification primordiale par la manière dont il les accueille". The researcher's reflection particularly finds meaning in Déluge (2010), a novel by Belgian author Henry Bauchau, in which the body is a vessel for emotion and a transformational vector for art (painting, in this case). The originality of this novel, which draws upon founding and biblical myths, resides in its metaphorical depiction of painting as an art requiring sensorial sensitivity in order to manifest itself. In this context, the literary image can be conceptualized as a new way of envisioning the world.
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Le corps chez Romeo Castellucci : le médium d'un sensible radical
show More to view fulltext, buy and share links for:Le corps chez Romeo Castellucci : le médium d'un sensible radical show Less to hide fulltext, buy and share links for: Le corps chez Romeo Castellucci : le médium d'un sensible radicalBy: Chloé DubostAbstractLa compagnie « Societas Raffaello Sanzio » de Romeo Castellucci propose des créations radicales, qui travaillent et jouent avec les limites de ce que peut supporter la sensibilité. Dans L'Orestie, Romeo Castellucci se plait notamment à instaurer une relation affective directe entre le sujet et l'objet de la représentation, en subvertissant le régime symbolique qui les maintenait à distance (l'objet étant alors nécessairement reçu et interprété avant d'être éprouvé). Par cette relation affective, elle-même élaborée par l'organicité de la voix (pré-linguistique) et une pure présence au plateau (pré-symbolique), le corps s'avère apte à transmettre le principe même de la tragédie, première et originale.
AbstractRomeo Castellucci's company, "Societas Raffaello Sanzio", proposes radical creations playing with the limits of what the sensibility can bear. In Orestea especially, Romeo Castellucci created affective and direct relation between subject and object, subverting the system of symbolization and representation which differentiated them (the object is indeed received and interpreted before being felt). Through this affective relation (created by the organic of the voice (pre-linguistic) and a pure presence (pre-symbolic)), the body is able to convey the Essence of tragedy, first and originale.
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- Section iii. Altérations, expérimentations
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Régénérer pulsionnellement le sensible : Bannière de bave de Marcel Moreau
show More to view fulltext, buy and share links for:Régénérer pulsionnellement le sensible : Bannière de bave de Marcel Moreau show Less to hide fulltext, buy and share links for: Régénérer pulsionnellement le sensible : Bannière de bave de Marcel MoreauAbstractÀ travers une analyse du roman Bannière de bave (1966) de Marcel Moreau, est creusée la dynamique de régénération et de réédification du sensible que le texte met en scène. Il s'agit de donner à voir comment ce mouvement se joue sur quatre niveaux dans le roman - du plus personnel (intime) au plus commun (extime) : par rapport à l'identité du narrateur, par rapport à la langue, par rapport au monde et à la société et, enfin, par rapport à l'essentiel, à ce qui touche au fondamental d'une vie. Dans cette lignée, sera envisagée la portée politique de ce geste esthétique spécifique.
AbstractThrough an analysis of the novel Bannière de bave (1966) by Marcel Moreau, we investigate the dynamic of the regeneration and reconstruction of the sensible presented in the text. The goal is to demonstrate how this dynamic is displayed on four levels in the novel, from the most personal (intimate) to the most common (extimate). These levels relate to the narrator's identity, the language, the world and the society, and ultimately, to the essential, to what pertains to the fundamentals of a life. Along these lines will be considered the political significance of this aesthetic gesture and dynamic.
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« Contre la colle les uns les autres » : l'épreuve du contact chez Henri Michaux
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AbstractThis paper examines Henri Michaux's relationship to contact as a polysensory form of apprehension of the world. An aversion to contact is expressed on multiple occasions in his body of work, involving in particular the rejection of glue, which inspires negative affects, such as awkwardness and disgust. An avoidance strategy consists in retreating to the bedroom. The problem is that the bedroom is already traversed by outside forces, and its internal surfaces become external through an invagination process. Awkwardness, for instance, may come from the inside. Michaux finds in drug use an experience of heightened sensibility, without the possibility of retreat. Here we argue in favour of absolving contact, which is precisely a matter of distance, from this intrusion of sensibility in the personal sphere.
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Dire la vie inextatique : Philippe Katerine à l'œuvre
show More to view fulltext, buy and share links for:Dire la vie inextatique : Philippe Katerine à l'œuvre show Less to hide fulltext, buy and share links for: Dire la vie inextatique : Philippe Katerine à l'œuvreBy: Boris du BoullayAbstractPhilippe Katerine, artiste pluridisciplinaire, place le texte au centre de sa pratique artistique, comme une respiration première. Un texte rendu à sa plus simple expression. Il nous semble que cette démarche pratique peut se confronter à la phénoménologie matérielle de Michel Henry, dont l'absence radicale de distance dans l'expression de la vie, rend pourtant toute entreprise artistique périlleuse. C'est sur ce fil du rasoir que Katerine ouvre des pistes de création dans sa manière toute personnelle de décrire la vie tout autour de lui et en lui. Par la répétition incessante d'abord, qui donne autant d'importance que d'inutilité à toute litanie descriptive. Puis, par des glissements de supports où une chose est une autre. Enfin, par une mise en scène de soi où si l'art manque la vie, on peut entrevoir ce que serait une vie inextatique par une reconnaissance après coup.
AbstractPhilippe Katerine, multidisciplinary artist, locates the text at the heart of his artistic practice, just as a first breath. A text in its pure and simple expression. It seems to us that this practical approach may face Michel Henry's material phenomenology, radically closing the gap in the expression of life making any artistic achievement challenging. On the edge, Katerine finds creative ways in his own personal way of describing life all around him and in him. Through never-ending repetition at first, which gives as much importance as uselessness to any descriptive litany. Then by media sliding, where one thing is another. Finally, by a stage-setting, a picture of oneself. Failing to target life, could we open up the possibility that a self-manifestation life would be recognised afterwards.
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Pour une heuristique du pli : penser l'expérience esthétique des livres d'artistes altérés
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AbstractÉric Watier and Bernard Villers present minimal artist's books, described as altered. It allows us to think of a heuristic of the fold. From an esthesiological perspective, artist's books - and the little text that remains - bring the fold as a plastic operation into play. Thinking of a heuristic of the fold is not to ask "what is a book?" (it's not about questionning the nature of it), but rather "how can a book exist?": what are the necessary conditions of the book? How does the sensory experience happen? What are the necessary conditions to experiment the aesthetic feeling? What are the conditions of an esthesiological reading?
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Le livre et son informatique : du Coup de dés à la combinatoire électronique (1897-1985)
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AbstractIt seems logical that computing begins with computers; or at least computing as we conceive it today. However, data processing is nothing new. The twentieth century did not discover the fact that information can be organized. Because literature is bound to the book as a concrete object, it belongs to a peculiar paradigm of information, and today the digital revolution allows us a better understanding of this paradigm. By contrast, the underlying implications of book culture become visible. This gives us a glimpse of media regime long-term changes. From Mallarmé's poem-object to computer-based literature, the point of crossing a century of literary history will be to lay the foundation for a media archeology consisting in a computational view of literary creation, from the end of the nineteenth century to the beginnings of computer distribution in every domain of society.
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- Varia
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La narration chaotique d'une tragédie de l'Histoire : L'exemple de Cris de Laurent Gaudé (2001)
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AbstractThis article endeavours to question the stakes linked to the interwoven and spasmodic narrative of a destructive battle of the Great War expanded in the novel Cris by Laurent Gaudé and to the effects of its reading : it attempts at capturing the forms of an explosive structure relating a deadly moment in History through a multiplicity of characters who reveal their emotions via frantic streams of consciousness. Expressed by precarious voices, the narration thus builds up into a kind of intricacies which refer to the opaqueness inherent to the narration of a past event; to that extent the article stresses the cathartic purpose of this novel which tends to represent what is in the nature of the inexpressible, by giving a tomb to anonymous beings so as to engrave their memory in the collective memory.
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Back Matter ("Table du tome Septante-deux 2018", "Index des noms")
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